🌾 Marie Augustine PAQUIN (1867–1945) : une vie mosellane entre trois guerres et un exil

Marie Augustine PAQUIN, Collection Personnelle Pauline JUSSY

đź‘¶ Une enfance Ă  La Maxe

Marie Augustine PAQUIN naît le 22 mars 1867 à La Maxe, en Moselle. Elle est la fille de Henry PAQUIN, 33 ans et de Marie HENREQUEL, 29 ans, un couple de cultivateurs dans un village mosellan encore français… mais plus pour longtemps.

La famille PAQUIN est originaire de Saint-François-Lacroix, village proche du Royaume de Prusse. C’est son grand-père Pierre PAQUIN qui dĂ©cide de s’Ă©tablir Ă  Woippy lors de son mariage avec Catherine BERJOTIN, jeune fille de la commune.

Carte des principaux monuments de la guerre 1870-1871 autour de Metz
La Maxe est une petite commune située à 7km au nord de Metz. Carte des Monuments de 1870, Eurométropole de Metz

Elle grandit au sein d’une grande fratrie :

  • Marie Catherine (1862–1950)
  • Philomène (1864–1936)
  • Auguste (1865–1935)
  • Anne (1869–1871)
  • Victor (1874–1938)
  • Charles (1876–1973)

Mais à trois ans, son destin bascule : la guerre franco- prussienne éclate, la France est vaincue, et en 1871, la Moselle est annexée par l’Allemagne. L’école, l’administration, les prénoms… tout est peu à peu germanisé. Marie Augustine, comme tant de Mosellans, devra vivre dans une terre qui ne parle plus sa langue.

đź’Ť Mariage sans descendance

Alfred Marie DUVAL, Collection Personnelle Pauline JUSSY

Le 3 mai 1892, à La Maxe, Marie Augustine épouse Alfred Marie DUVAL, un manoeuvre né en 1865. Le couple n’aura pas d’enfants, mais partagera de longues années de vie commune dans une région toujours tiraillée entre deux cultures.

Pendant ce temps, les épreuves ne manquent pas : elle perd sa mère en 1887, alors qu’elle n’a que 20 ans, et son père en 1917, en pleine Première Guerre mondiale.

En 1918, la Moselle redevient française. Les prénoms se francisent à nouveau, les écoles changent de programme, les Mosellans retrouvent une nationalité qu’on leur avait arrachée — mais pas toujours sans heurts.

⚰️ Deuils et guerre

Les années 1930 sont sombres pour Marie Augustine. Elle perd coup sur coup plusieurs de ses frères et sœurs :

  • Auguste en 1935 Ă  Montigny-lès-Metz,
  • Philomène en 1936 Ă  La Maxe,
  • Victor en 1938 Ă  Montigny-lès-Metz.

Puis c’est son époux Alfred qui s’éteint en décembre 1939, quelques mois seulement après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale.

En 1940, c’est à nouveau l’horreur : la Moselle est annexée de facto par l’Allemagne nazie. L’administration, plus dure encore qu’en 1871, expulse des milliers de Mosellans considérés comme trop français.

Panneaux de direction aux noms germanisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Diedenhofen désigne Thionville, Rombas correspond à Rombas et Wappingen est Woippy.
Panneaux indiquant des communes mosellanes avec leurs noms germanisés. Wappingen était le nom donné à Woippy. Photo de Metz en Guerre

Marie, alors âgĂ©e de 74 ans, fait partie de ces expulsĂ©s civils. En 1941, elle est dĂ©placĂ©e de force en Corrèze, loin de tout ce qu’elle a connu. Sachant qu’elle va ĂŞtre sĂ©parĂ©e de sa soeur Marie Catherine et de sa famille, habitant Fameck, elle laisse Ă  sa petite nièce Henriette l’album en velours rouge de la famille.

🕊️ L’exil et la fin

C’est à Naves, en Corrèze, que Marie Augustine termine sa vie. Elle s’éteint le 30 janvier 1945, à 77 ans, dans une France tout juste libérée, mais profondément meurtrie.

Son frère Charles PAQUIN, né en 1876, déclare son décès. Il était resté fidèle à La Maxe, où il vivra jusqu’à sa propre mort, en 1973.

Carte Postale ancienne de La Maxe en Lorraine
Mairie de La Maxe

🧬 Mémoire familiale

Marie Augustine n’a pas eu d’enfants. Mais elle appartient à une lignée qui a profondément marqué La Maxe. À travers elle, c’est toute une mémoire mosellane que l’on redécouvre : celle d’un peuple ballotté entre deux nations, résistant dans sa langue, ses gestes et ses racines.

Elle incarne cette résilience silencieuse propre à tant de femmes de son époque : ancrées dans leur village, courageuses face aux guerres, fidèles à leur famille.

Moi, je descends de Marie Catherine, et Henriette, c’Ă©tait ma grande tante. C’est elle qui a pu m’apprendre quelques Ă©lĂ©ments de la vie de Marie Augustine, notamment son dĂ©cès en exil, loin de son pays. De grande tante Ă  petite nièce, je continuerai de raconter son histoire.

Pauline

Marie Augustine PAQUIN, Collection Personnelle Pauline JUSSY